Une photo d’une haute et large souche d’arbre, entou­rée d’herbes folles, sur laquelle repose une tron­çon­neuse de la célèbre marque d’outillage Stihl.
Voila le visuel de cou­ver­ture du dos­sier que nous fait par­ve­nir Fabien Souche pour can­di­da­ter au 55 ème salon de Montrouge. Une souche plus un outil  Stihl, le tout envoyé par l'artiste pour ins­truire le jury des carac­té­ris­tiques de son œuvre, autre­ment dit de son style ; aucun doute, nous sommes dans un domaine peu exploré de l’aventure de l’art par la jeune géné­ra­tion, celui du calem­bour et de ses corol­laires : la poly­sé­mie et l’homonymie.
Des mamelles, que l’artiste qui se sert de toutes les formes de déca­lages et de mul­ti­pli­ca­tions du sens qu’affectionnent les humo­ristes popu­laires, tète dès les Beaux-Arts de Saint Etienne. « Un de mes réflexes constant est de don­ner un autre sens aux choses par bas­cu­le­ment, par inver­sion ou par ajout. Mon ambi­tion est de réa­li­ser des oeuvres lisibles et acces­sibles  immé­dia­te­ment. Je ne me contente pas d’une zone gra­phique ou de l’actualité, je m’attaque à tout. J’ai la volonté de tout faire, des objets, de la pein­ture à l’eau ou à l’huile, du col­lage, etc. Et l’irrévérence que l’on m’attribue sou­vent est juste la consé­quence de la liberté que je me donne », confie l’artiste.

Enfant illé­gi­time d’Alphonse Allais et d’Arnaud Labelle-Rojoux, il pour­suit la col­lec­tion des mono­chromes du plus célèbre membre des hydro­pathes en conce­vant un tableau d’Auguste Renoir évi­dem­ment entiè­re­ment noir et inti­tulé Renoir.

On trou­vera dans un genre assez proche, la jarre Jean-Michel, ou le porte bou­teille Didier Duchamp sur­monté d’un bal­lon de football.

Une série d’objets modi­fiés où cane­vas retou­chés, pho­tos col­lages, acry­lique sur papier, sur tis­sus ou sur boîte de fro­mage forment un cor­pus d’œuvres absurdes et déri­soires dont les clés sont sou­vent don­nées par les titres.

De A ma maman à Pizza en pas­sant par Ta gueule ou Roger, ils sont presque tou­jours brefs pour créer un effet de « coup de poing » et ajoutent une couche de sens à ce qui rele­vait bien sou­vent du non-sens.  Les œuvres, tou­jours impec­ca­ble­ment enca­drées, peuvent éga­le­ment emprun­ter le « sans titre » cher à l’art concep­tuel quand elles s’amusent à citer l’histoire de l’art. Ainsi une acry­lique sur toile jaune citron repré­sente en son centre trois oignons orange qui sont légen­dés avec une écri­ture pas­tiche de celle de Magritte « ceci n’est pas mes oignons ». Une manière un peu bru­tale de nous signi­fier qu’il a l’habitude de se voir situer dans la lignée des artistes excen­triques belges, celle des Jacques Lizène, Frank Maieu, Marcel Mariën, appel­la­tions qu’il accepte volon­tiers comme il en accep­te­rait d’autres à par­tir du moment où on  lui fiche la paix pour lui lais­ser, entre deux com­po­si­tions artis­tiques, le temps de lire L’Equipe.

Alain Berland
(Extrait du catalogue du 55ème salon de Montrouge, Paris-2010)
 

 

 

                                 Sweet Cactées - Vue de l'exposition / Vue of the exhibition "Grand Radical Country Mix" - Palais de Tokyo - Paris 2010

 

Plutôt héritier de Dada, souvent estampillé comme travail belge, l’apparente simplicité de l’univers de Fabien Souche (dit Souche) résulte pourtant d’une réflexion millimétrée. L’artiste regarde, filtre son environnement artistique et politique, observe très précisément les grandes thématiques contemporaines et joue avec les références. Il délaisse les esthétiques faciles pour nous livrer l’idée nue, ou du moins dans sa plus simple expression, avec juste ce qu’il faut de matière pour qu’elle existe entièrement. Il en résulte des objets, mélange de dérision, d’extravagance et d’humour noir.

A l’occasion de son exposition Grand Radical Country Mix, Souche présente un ensemble d’oeuvres réalisées en 2010. Monochromes en acier chromé, images découpées, collages, tableaux et sculptures en trompe-l’oeil permettent à l’artiste de, comme il le dit, « sortir les dernières pontes de l’atelier, dans un fourre-tout significatif, avec pour intention première de ramollir le cactus, sublimer un poulet, débander les flingues et chromer sans vergogne. »

Palais de Tokyo
(Extrait deu dossier de presse de l'exposition Grand Radical Country Mix, Paris 2010)

- English version -
In many way a descendent of Dada, often labelled as Belgian work, the apparent simplicity of Fabien Souche (aka Souche)'s universe is however the result of a reflection expressed in minute detail.
The artist looks, filters his artistic and political environment, observes the broad contempory themes very precisely, and plays with references.
He leaves behind facile aesthetics so as to show us the bare idea or at least in its most simple expression, with just enough material for it to exist entirely.
The resulting objects mix together derision, extravagance and black humour.

In his Grand Radical Country Mix exhibition, Souche presents a collection of works created in 2010.
Monochromes (chrome steel pieces), cut-up images, collages, paintings and illusionary sculptures allow the artist, as he puts it, to "usher forth the latest spawn from the studio in a subtantial tote, with the principal intention of softening the cactus, subimating the chicken, disarming the shooter and chroming shamessly"

Palais de Tokyo
(Press release, Paris 2010)

About Souche